Une nuit de bus, pas si inconfortable mais avec chauffage alors qu'on descend et qu'on arrive à plus de 35 degrés... et que c'est un "direct" qui s'arrête toutes les heures au bord de la route pour prendre des passagers. La nuit est donc un peu comme si c'était le jour, ce qui nous permet d'apprécier dès le lever du soleil le changement de paysage : la végétation est de plus en plus verte et dense, les constructions sont de plus en plus sommaires, cabanes de bois ou de tôle.
En arrivant, on retrouve cette ambiance d'Iguazu, et de toutes les autres régions tropicales de basse altitude : l'enveloppe humide sur la peau qui au bout de quelques minutes se transforme en gouttes, l'effet un peu négligé de tous les aménagements sans faire sale, l'impression de lenteur... Devant le terminal de bus, tous les mototaxis attendent les passagers pour les amener en ville, à quelques kilomètres. On ne fait pas exception à la règle : les gros sacs accrochés à l'arrière avec deux cordes (quand on pense que certains ont besoin de temps et de tendeurs à crochets !! Ici, en 3 secondes et 2 noeuds, voilà les 40 kilos de bagages bien stables sur la charrette de plastique !...), nous voilà partis avec ce monsieur, qu'on plaindrait presque sans raison : à le voir tout fier collé à sa moto et donnant des à coups pour aller plus vite, on dirait qu'il n'y a pas de moteur !...On se fait doubler par tout le monde. Enfin, par toutes les
pétrolettes parce qu'il n'y a que ça. Pas une voiture, pas un piéton, pas une camionnette, pas un vélo, pas un lama... Que des mototaxis ou des motos tout court.On passe le dimanche dans cette ville où il n'y a rien à faire mais où tout le monde semble flâner sereinement et la "ramollie attitude " assortie au climat est une activité à part entière.On fait donc de même (adaptation assez facile...) : promenade sur les larges avenues asphaltées ou non qui ne font ni ville ni campagne, un petit tour au marché pour se rendre compte que ça y est, on a récupéré les marchés babou, sieste sous le ventilo, glace sur la place... Enfin n'importe quoi qui fasse un peu moins "goutter". C'est un bon jour de transition, ici on a l'impression que tous les gens sont toujours en vacances (en même temps, c'est dimanche... pas de généralisation hâtive...).
Le lendemain, on part dans la forêt au bord du fleuve, dans notre "lodge" (oui, c'est comme ça qu'on dit !), c'est à dire notre bungalow privé de bois tropical avec hamacs et vue sur le río... On prend la pirogue à moteur avec le personnel du complexe au petit matin. Le séjour en Amazonie commence bien : on assiste au passage dans l'eau plus que boueuse du "capitaine" de la barque, qui s'est laissé emporter par la barre du moteur ! De quoi mettre en confiance ! Mais le fou rire général (tout le monde rigole, personne ne lui tend la main!!!...) nous rassure très vite : il n'ya pas de bêtes carnivores affamées dans ce fleuve, et ça ne lui arrive pas tous les jours...
En arrivant au lodge, on se croirait dans un film : le jardin tropical est entretenu mais vraiment dans la forêt, on entend les cris des oiseaux qui donnent une ambiance très sauvage, et en même temps on est dans un hôtel de luxe : le bungalow, la piscine, le déjeuner avec assiette de fruits tropicaux, pain aux céréales et au miel... On avait un peu peur de ce genre d'endroit, quelques a priori négatifs de personnel impersonnel avec tous les tralalas pour touriste de standing, mais on va de bonne surprise en bonne surprise : les gens qui travailllent ici sont comme tous les péruviens, la simplicité et la gentillesse naturelle avec beaucoup d'humour, le contact plus que facile, ils font beaucoup sans en faire trop. Du coup, on sent tout de suite qu'on a tous les avantages de toutes les situations et qu'on va passer 3 jours formidables... Après avoir fait la connaissance de Pepe et Pedro, les deux perroquets qui vivent ici dans le parc et avoir visité la piscine, les palmiers... (visite éprouvante! ) et pris le repas de midi (un repas de luxe: poulet sauce papaye, banane caramélisée à l'orange etc...), on fait la connaissance de Michel, notre guide de "selva" (c'est le nom de la forêt tropicale ici) et on part donc en balade dans la selva. On se rend vite compte que Michel est originaire d'ici, passionné par "sa" forêt mais très honnête sur la disparition des coutumes et du mode de vie des indiens, et qu'il est aussi passionné de blagues... C'est donc une première balade très agréable, où il nous fait sortir sans les déranger (oh là là très important sans les déranger...) les fourmis qui piquent fort et donnent la fièvre, il nous montre l'arbre à plusieurs racines qui peut "marcher" dans la forêt, on voit de loin des petits singes, les tamarins, un serpent. Il nous montre l'énorme ficus étrangleur, les feuilles qui ressemblent à des bananiers en
plastique, nous fait écouter l'oiseau qui imite tous les autres cris (du coup, à chaque fois qu'on entend un bruit, ça peut être tel animal... ou l'imitateur ! Même chez les oiseaux tropicaux, il y en a un qui a eu l'idée de faire l'imposteur !!). On fait aussi de la liane, comme Tarzan, en un peu moins stylé, d'ailleurs ce n'est pas de la "liane", la liane est un véritable tronc mince qui s'enroule autour d'un tronc plus gros, mais elle est rigide. Quand Tarzan fait de la liane, il fait de la corde entouré de feuilles qui resemblent à un tronc... Grande fut notre déception... Après un petit plongeon dans la piscine, on part en pirogue à la tombée de la nuit voir les caïmans dans la rivière. Ils sont petits, inoffensifs (c'est le crocodile qui est dangereux, deuxième grande déception...) mais c'est très drôle de les voir flotter comme des bâtons avec leur tête qui sort. Au passage, on voit aussi l'énorme rongeur de la forêt sur les berges, un gros rat... On a plutôt envie de dire un sanglier...
Le deuxième jour, après une nuit sous notre moustiquaire bercés par les bruits de la forêt (ça s'arrête jamais !), réveil à l'aube pour aller voir les colonies de perroquets qui viennet manger un oligo élément sur une paroi rocheuse. Après une petite marche, nous voilà donc assis sur notre bois, à ne pas devoir ni parler ni bouger pour qu'ils viennent absolument. On a une petite pensée pour les pubs de la pause Kitkat, et on se sent tout aussi ridicules ! Sauf que nous, on ne se laisse pas tenter et on les entend d'abord hurler puis ils viennent tous se poser devant nous (pour différencier les espèces, on a quand même besoin des jumelles...).
Le petit déjeuner, le fameux plongeon incontournable entre deux balades et départ pour l'île aux singes. Michel nous dit honnêtement qu'on a eu beaucoup de chance pour les bêtes hier car c'est rare d'en voir autant, mais que là c'est sûr qu'on va voir les singes mais ce sera moins drôle car ils étaient en captivité et ont été réintroduits dans le cadre d'un projet, ils sont donc mi sauvages mi domestiques. On marche donc vers le milieu de l'île aux singes, là, Michel n'arrète pas de faire un cri digne de l'oiseau imitateur pour appeler les fameux singes... Petit à petit, on lit l'angoisse sur son visage... Pas l'ombre d'un singe... Ca n'arrive jamais, il n'arrête pas de faire son cri sur le chemin du retour et de regarder partout dans ses jumelles avec espoir... Rien ! On continue la journée avec un peu de pirogue et pas mal de marche pour arriver au lac Sandoval, un nid d'animaux sauvages. Sur le chemin, on s'arrête tous les 10 mètres car Michel entend des singes et veut absolument qu'on en voit, on a beau lui dire que ce n'est pas sa faute, rien à faire, il cherche les singes partout...On prend ensuite le bateau pour aller de l'autre côté du lac, ce qui nous donne l'occasion de faire une séance de hammam, de ramer un peu et de voir des caimans plus grands, beaucoup d'oiseaux multicolores, des loutres... On se pose sur la plage et là... Michel disparaît assez vite derrière le bois. On le suit, comme d'habitude, on a droit au petit signe qui signifie "taisez vous et bougez plus". Là une cinquantaine de singes de deux espèces se déplacent petit à petit à travers les palmiers, des petits et des plus gros. Ca crie partout, ils sautent entre les branches, se déplacent avec leurs petits sur le dos... On est émerveillé... Après un petit remerciement à Michel pour sa persévérance (il a l'air aussi satisfait que nous, il est à fond, et très content car il nous
précise bien que ceux là, ils étaient vraiment sauvages ! Quelle chance ! Comme d'habitude, on n'a pas droit à ce qui est évident, et on a droit à des choses qui arrivent rarement...), on prend le pique nique, nous dit il : on s'attend à du pain et de l'avocat... Le pique nique est une énorme feuille d'une plante qu'on a vu le matin qui a les vertus (en mieux) de l'aluminium : on ouvre la feuille bouillante et dedans il y a un plat typique d'ici, qui est en fait une sorte de paëlla. Comme ça au milieu de toute cette jungle, on se retrouve à manger un plat chaud délicieux...
Au retour, on prend le même chemin qu'à l'aller qui paraît un peu différent car il fait un peu moins chaud.
Début de soirée en piscine, repas, et fin de soirée "au bar" avec d'autres touristes. On se dit tous qu'on a l'impression d'être de grands écrivains en pleine inspiration ou des riches rentiers, au choix. C'est difficile à expliquer, mais en tout cas on a tous cette même senasation, à siroter bière et pisco dans cette cabane de bambou de luxe....
La troisième journée commence par... un retour à l'île aux singes ! D'autres touristes veulent absolument les voir ! Même topo que la veille, même échec ! Les guides, bateliers, serveurs n'en croient pas leurs oreilles... On pense qu'on a asisté au début de la fin de l'île aux singes, ils ont dû partir... Ensuite, on rend visite à une communauté. Michel nous a dit la veille tel quel : "demain matin, j'aime pas...c'est pas super... Mais bon, on est obligé..." ( les gens sont très honnêtes ici, souvent au restaurant c'est pareil, ils disent "ça.. bof c'est pas très bon..."!!! On croyait que c'était manière de nous aiguiller sur un autre plat au début, mais pas du tout!). Effectivement, c'est très artificiel... Cette communauté qui vit dans la forêt derrière (ça c'est vrai) arrive costumée, au lieu de nous montrer son habitat ou autre chose de vrai, nous maquille avec une plante colorante, nous chante une chanson traditionnelle et nous fait faire une danse farandole... Bref... L'avantage, c'est qu'ils nous montrent leur jeu traditionnel, donc on se fait des petites parties de toupies et du tir à l'arc, ça c'est rigolo ! On pourrait faire pareil sans tout ce tralala, mais c'est une ONG qui finance la survie de ces gens dans la forêt, donc il faut en passer par là, sinon ils financent plus !... Merci les ONG ! Vraiment, plus on voyage, plus on se dit que ces Organisations ne font pas toujours des actions transcendantes...
Après un pique nique sur le bateau (cette fois, c'est en effet pain, avocat, banane...), on va promener dans une "chacras", c'est à dire un verger. Le propriétaire, un vieux monsieur passionné, nous fait faire le tour en nous expliquant les vertus des arbres (il y a l'arbre qui permet d'avorter, l'arbre antioxydant...), et on mange du cacao, une noix de coco, un lima (entre le citron et le pamplemousse en plus fade), des noix du Brésil... Tout ça en compagnie de Pepe, son perroquet (lui aussi! ). On rentre au lodge un peu plus tôt, ce qui laisse le temps de faire le match de foot avec le personnel, de profiter du coucher du soleil, et de faire la connaissance de Tuki, le toucan !! Impressionnant !
Dernière soirée et dernière matinée au lodge, puis retour à Puerto Maldonado avec un petit pincement au coeur... On prendrait vite des goûts de luxe !